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reur ; mais j’étais bien loin d’avoir épuisé la coupe de mes adversités révolutionnaires, et l’on vint nous signifier que nous allions être transférées dans une autre maison d’arrêt, en ayant soin de notifier à chacune de nous qu’elle ne pourrait emporter de son mobilier et de ses autres effets que ce qu’elle en pourrait porter elle-même. On a su depuis que le concierge nous avait dénoncée comme entretenant parmi les incarcérés un esprit de superstition, d’intolérance, et de mépris pour la représentation nationale, et du reste il est généralement connu que la plupart de ces dénonciations et ces déménagemens étaient sollicités par les geôliers, afin d’obtenir la confiscation du mobilier des détenus et de profiter de leurs dépouilles. Nous supposâmes qu’on avait l’intention de nous conduire à pied, et suivant Mme  Buffot, c’était à dessein de nous faire assommer par la canaille ; mais dans tous les cas nous fimes nos dispositions en conséquence de notre inaptitude à porter des fardeaux. Nous emportâmes, chacune un pauvre petit paquet dans un mouchoir ; ensuite on nous fouilla très exactement, et finalement on nous entassa dans des carioles d’osier bien escortées par des porte-piques de la commune, qui nous menèrent à Sainte-Pélagie où la première figure que je reconnus fut celle de Mme  Roland, qui passait sa tête au travers d’un guichet, et qui demandait à parler au greffier.


FIN DU SEPTIÈME VOLUME.