Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

de l’hôtel de Fleury (rue Notre-Dame des-Champs) ce que pouvaient être ces Grecs et ces Romains, qui pataugeaient dans les ruisseaux, et qui s’épuisaient en malédictions contre Voltaire.

Il y eut une vingtaine de ces comparses, qui demandèrent à se réfugier à l’hôtel de Monaco, rue de Varennes, et les Suisses du Prince en reconnurent deux, pour avoir été les plus ardens fauteurs du pillage de l’hôtel de Castries.

Je ne sais si je vous ai déàj dit qu’on avait envoyé dévaster cette maison par la populace, à l’effet de marquer une grande sympathie nationale pour M. de Lameth, avec qui M. de Castries s’était battu le plus honorablement possible. On a toujours la prétention de nous persuader que les bandits révolutionnaires ne pillent jamais, et qu’ils ne font que détruire : c’est un mensonge qui m’est insupportable, et je vous assure que j’ai vu, sur un bas-côté du boulevard des Invalides, une espèce de foire, où ces agens patriotiques avaient étalé et où ils vendaient à deniers comptans tout le mobilier de l’hôtel de Castries. Il n’était resté dans toute la maison que le portrait du Roi, auquel on n’avait osé toucher, ce qui fut un acte de superstition dont MM. Brissot et Condorcet se moquèrent beaucoup.

C’était ce jour-là qu’avait eu lieu cette belle scène entre le Prince de Lamsbec et le Duc d’Orléans, dans le cabinet de cet indigne archevêque de Sens (Loménie). M. de Lamsbec leur avait dit : — Après vous avoir entendu parler comme vous venez de le faire, j’aurai l’honneur de vous dire à vous, Monsieur, que si vous n’étiez pas un prêtre, et à vous,