Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
SOUVENIRS

de votre mère, avaient été distraits de la succession de son oncle avant son mariage, et que c’était son cousin du Muy de Saint-Même qui devait s’en trouver en possession. Cette entreprise des gens d’affaires aurait eu le résultat de nous faire attaquer toutes les donations du Maréchal à ce collatéral de MM. du Muy, ce qui nous aurait plongés dans un dédale de procédures inextricables. Les instigateurs de cette mauvaise chicane en furent cassés aux gages, et tout le monde exalta la sagesse et l’intelligence de notre Salomon citoyen !

— Monsieur de Létang, voilà qu’on va bâtir la place de Louis XV, est-ce que vous n’y voudrez pas bien mettre du vôtre, à cette fin d’en parachever la belle décoration ?

— Vraiment oui ! Monsieur, répondait-il au vieux Gouverneur de Paris, le Maréchal de Brissac, — le devoir de tous ceux qui le peuvent est de contribuer à l’ornement tout aussi bien qu’à la salubrité de cette capitale ! — Et c’est lui qui a fait magnifiquement édifier la colonnade qui se trouve en pendant avec le Garde-Meuble, entre les hôtels de la Vieuville et de Coislin. Il y avait dans cet homme là du civisme de l’ancienne Rome, en équilibre avec la sujetion chrétienne ; il y avait de l’édilité gauloise et de l’urbanité monarchique : c’était un homme à part dans la civilisation moderne, et je vous assure bien qu’il y aurait en sa mémoire une inscription lapidaire et laudative sous le porche de l’Hôtel-de-Ville, si j’avais été la femme du Prévôt des Marchands, ou seulement d’un Échevin de Paris.

Cette importance de respect et d’affection, qu’il