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SOUVENIRS

sécrateur de M. Gobel, évêque de la Seine, je vous dirai qu’il assistait à ladite cérémonie triomphale côte-à-côte avec son confrère et sur la même estrade, en habit d’évêque. Il paraît que c’est la dernière fois qu’il a porté le violet, ce digne prélat ! Mais tout ce que je vous raconte ici n’est qu’en préambule, et vous saurez que sept ou huit mois après tout ceci, l’église de Notre-Dame avait été mise en vente, et que c’était un M. de Saint-Simon, l’intime ami de M. de Talleyrand, qui l’avait soumissionnée pour la démolir.

Malheureusement pour M. de Talleyrand, qui voulait prendre part aux bénéfices de l’entreprise, il se trouve que M. de Saint-Simon n’avait plus ni crédit ni fortune, et comme M. de Talleyrand n’avait jamais eu ni l’un ni l’autre, il ne leur fut pas possible de réunir une assez forte somme en assignats, pour obtenir à titre d’arrhes, apparemment, l’enregistrement de la soumission que ce prélat constitutionnel avait fait entreprendre, en ayant eu le bon goût d’arranger la chose à cette fin qu’il n’y parût pas à découvert. Il avait fallu deux charettes à M. de Saint-Simon pour transporter de chez lui jusqu’à la maison du ci-devant St-Esprit, place de Grèce, une immensité d’assignats qu’il avait apprêtée pour son opération sacrilége ; mais le compte fait, il s’en manquait encore de trois cent cinquante à quatre cents millions, pour qu’il eût complété la somme exigée par l’administration des biens nationaux ; et voilà du moins ce qu’il m’écrivit en me demandant si je ne voulais par lui prêter deux cent vingt mille francs en numéraire, afin de les convertir en papier, et d’y pro-