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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

(je ne doute pas qu’il ne s’en soit repenti quand on l’a mis en prison). L’organiste avait été prévenu la veille, au nom du corps électoral et des quatre corporations administratives ; c’est-à-dire le Club des Jacobins, le Département, le District et la Commune de Paris, pour qu’il eût à se rendre à l’église métropolitaine afin d’y jouer l’air national et patriotique de Ça ira. Voici les paroles de ce cantique :

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrat’ à la lanterne !
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrat’ on les pendra !

Mais ce pauvre organiste avait dit pour dissimuler son aristocratie, et parce qu’il avait donne envie de ne pas être pendu, il avait dit que ce bel air de métropole était trop nouveau pour se trouver dans son répertoire, et qu’il ne saurait comment s’en acquitter. Ce fut un député nommé Gasparin qui joua de l’orgue et qui ne s’en tira pas trop bien, quoique ce fût son ancien métier. À la vérité, c’était dans les rues qu’il en avait joué et c’était de l’orgue de Barbarie, disait-on ; mais la chose n’est pas tout-à-fait certaine, et c’était peut-être de la vielle organisée ? Vous verrez dans les Actes des apôtres, à propos de ce Gasparin, qu’ayant été nommé du comité de correspondance, à la Convention nationale, il avait eu la conscience de demander son remplacement parce qu’il ne savait lire que l’écriture imprimée ; il n’en a pas moins voté la mort du Roi, par conscience ; et quand à M. de Talleyrand, con-