Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.
du Roi, ni à moi, ni à ma famille, et la vie trop sédentaire ruine l’élasticité de mon corps et de mon esprit. Depuis ma jeunesse, j’ai toujours mené une vie fort agitée, soit dans le militaire, soit dans la politique ; le repos me tue totalement.

Je vous renouvelle cette année mes instances, Monseigneur, pour que vous me fassiez accorder par le Roi la permission de continuer mon service militaire ; et comme il n’y a point de guerre de terre, d’aller comme volontaire servir sur la flotte de M. le Comte d’Orvilliers. J’ai bien pu, par obéissance aux ordres du feu Roi et de ses ministres, rester en jupes en temps de paix, mais en temps de guerre cela m’est impossible. Je suis malade de chagrin, et honteux de me trouver en telle posture dans un temps où je puis servir mon Roi et ma patrie avec le zèle, le courage et l’expérience que Dieu et mon travail m’ont donnés. Je suis aussi confus que désolé de manger paisiblement à Paris pendant la guerre, la pension que le feu Roi a daigné m’accorder. Je suis toujours prêt à sacrifier pour son auguste petit-fils et ma pension et ma vie.

Aidez-moi, Monseigneur, à sortir de l’état léthargique où l’on m’a plongé, qui a été l’unique cause de mon mal, et qui afflige tous mes amis et protecteurs guerriers et politiques. Je dois encore vous faire observer ici qu’il importe infiniment à la gloire de toute l’illustre maison de M. le Comte de Guerchy de me laisser continuer mon service militaire ; du moins c’est la façon de