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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

une autre Princesse à l’avenant. Quant à M. le Duc de Montpensier, il avait l’air d’un imbécille ; le petit Comte de Beaujolais était la seule personne de la famille qui parût annoncer de l’esprit ; mais de la part de ces quatre enfans, il était impossible d’entendre où d’attendre une seule parole de vérité, et c’était un concert de menteries sans paix ni trève. Celui qui les éduquait, pour parler à sa manière, était une espèce de poète appelé M. le Chevalier Bonnard, et le duc de Valois en avait pris des locutions intolérables. S’il avait à parler des cousons, c’est-à-dire de ceux qui piquent, il disait la parenté, et pour désigner une partie du corps dont on ne parle guère et dont les enfans bien élevés ne parlent jamais à ceux qui ne les servent pas, M. le Duc de Valois disait mon quinze. — C’est un drôle de corps, observait son père, et cet aimable enfant s’en épanouissait d’amour-propre et de satisfaction[1].

— Nous aimons tant bon-Bonnard, notre bon-Bonnard ! disait ce petit d’Orléans, il a pour principe… — Il a pour principe, conclamait sa sœur… — Il a pour principe, ajoutaient les autres… — Il a pour principe, reprenait le Duc de Valois en basse note. — Et qu’est-ce qu’il a donc pour principe ? — Il a pour principe, s’écriaient-ils en quatre parties, faisant chorus avec l’aîné ; il a pour principe de nous laisser boire et manger tout ce que nous voulons !

  1. Voyez Leçons d’une Gouvernante à ses Élèves, et Journal de l’éducation des Princes et de Mlle  d’Orléans, par Mme  de Genlis.