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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

ridicule et l’on se moquera de toi. On t’a dit qu’il avait dit en parlant de toi : Ce misérable fou, mon ami le Chevalier Acton n’en aurait fait qu’une bouchée ! Comment, diable, vas-tu ruminer et songer creux sur un pareil propos d’un pareil homme ? Renvoie-lui dont son épithète de misérable, qui n’est qu’une bêtise à propos d’un homme de ta naissance, de ton caractère et de ton esprit, tandis qu’elle est pour un Aëronaute et pour un Vice-Amiral de son étoffe, un double soufflet à lui faire un masque, appliqué tout juste comme de cire ! Il s’est servi du terme de fou, et pour ceci, laisse-moi te dire en bonne amitié que c’est une chose qu’il ne faudrait peut-être pas relever, après quinze mois d’une maladie comme la tienne ?…On se rabattra sur ta réclusion pendant ce temps-là, sur le bruit public et sur des paroles échappées à tes médecins. Ce sera des explications désagréables pour toi, difficiles à donner pour nous, impossibles à tourner favorablement, peut-être ? et tu peux bien compter que les Du Crest, La Touche et Sillery ne manquerons pas d’appuyer précisement là-dessus, en disant, pour t’embarrasser et nous aussi, que M. le Duc de Chartres avait proféré ce mot-là dans un sentiment de compassion, sans air de mépris, sans intention dénigrante, et autres fariboles, à quoi tu ne sauras que répondre. À présent, mon cher ami, rappelle-toi que la Duchesse de Chartres est la fille de M. de Penthièvre qui est au supplice, et que ta mère est au désespoir de tes violences qui ne sauraient aboutir à rien, si ce n’est à vouloir afficher que le gendre d’un