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SOUVENIRS

et de condescendance de la part du Prince que du côté de M. de Créquy. Le Duc d’Orléans, frère de Louis XIII, ayant brusqué le duc de Créquy, son parent, n’avait pas refusé de mesurer son épée avec la sienne ; ensuite arrivait la fameuse histoire du Comte de Créquy-Blanchefort qui s’était assuré, comme dit Samuel Guichenon, de quelle couleur était le sang royal de Savoye, et puis le duel de son fils avec un Duc de Lorraine et de Bar ; item, un combat singulier entre M. le Comte de la Marche (Louis-François de Bourbon-Conty) et le Chevalier d’Aguesseau (combat singulier, s’il en fut jamais) ; enfin l’exemple de M. le Prince de Condé, chef de sa branche, lequel avait naguère accordé la satisfaction des armes au vicomte d’Agoult, puîné de sa famille et parent de M. de Créquy, lequel attendait la même réparation du fils de M. le Duc d’Orléans[1].

  1. Le 20 novembre 1779, M. le Prince de Condé, se rendant à Versailles et changeant de chevaux à Sèvres, y fut interpellé par M. d’Agoult, qui monta sur le marche-pied de sa portière et lui témoigna la nécessité où il se trouvait de lui demander satisfaction, ainsi que le jour, le lieu, l’heure du combat et le choix des armes. C’est parce qu’il avait été prié de donner sa démission de la charge de premier écuyer, qu’il occupait auprès de S. A. Sérénissime, en exécution d’un ordre de Monseigneur, et pour avoir tenu quelques propos contre une femme de sa cour (la Princesse de Monaco). Ce jeune seigneur ajouta quelques mots d’excuse au sujet de cette liberté qu’il osait prendre avec une personne du sang royal dont il avait été le domestique.

    M. le Prince de Condé s’est découvert et il a dit à M. d’Agoult : — Monsieur, je pourrais vous refuser parce que vous avez été de ma maison, et que je n’ai pas eu l’intention de vous offenser