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SOUVENIRS.

Le Maréchal de Biron partageait si bien la même susceptibilité qu’il ne les appelait jamais que Loménie (de Brienne), en appuyant vocalement sur la parenthèse. Je suis naturellementjuste et je suis amie de l’ordre. C’est une disposition qui ne rapporte pas plus de profit que de satisfaction ; — ma, che volete, sono cosi.

À présent, nous allons passer à la Princesse de Vaudémont qui vivra longues années, si Dieu le permet, car assurément celle-ci ne se tuera jamais avec intention de mourir. On la prêcherait furieusement longtemps avant de la décider à commettre un suicide, et c’est une inquiétude que ses amis n’auront jamais. Mme de Vaudémont n’est pas encore au bout de sa quenouille ; Mme de Vaudémont pourra tourner un mauvais fuseau ; elle ne mourra jamais assez vieille pour ne plus faire de sottises, et si je m’y prends d’aussi bonne heure à vous parler d’elle, c’est que je la trouve à la suite de sa belle-mère, où je la laisse. Il me semble aussi que c’est pour en finir et parce que je n’aurai plus besoin de vous en reparler. Quand vous l’aurez connue, vous comprendrez cette sorte d’empressement-là[1].

Mme de Vaudémont était la riche héritière des Montmorency de Flandre et de la maison de Wassenaar, dont elle a recueilli des trésors qu’elle a gaspillés le plus méthodiquement, le plus sérieusement et le plus tristement, on pourrait dire. On a su, par

  1. Louise Auguste-Élisabeth-Marie-Nicolette-Brigitte Montmorency-Logny, née à Termunde en 1763, mariée À Versailles en 1778, morte à Paris en 1833.