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SOUVENIRS

par-dessus son uniforme, afin d’aller, en compagnie de Nossieurs de la grand’chambre, à la procession du vœu de Louis XIII. Il n’y manquait jamais, et ce qu’il observait avec non moins d’attention, c’était de laisser flotter sa toge ouverte, afin de laisser voir son uniforme et son épée. Vous allez convenir que si je n’étais pas entrée dans tous ces détails de robe et de parlement, la suite de mon récit en aurait pu manquer de clarté.

Nous savions que le Parlement devait être mandé le premier vendredi d’octobre à Fontainebleau, pour y écouter une mercuriale en réplique à des remontrances, et pour entendre la volonté du Roi touchant l’enregistrement d’un édit fiscal. M. de Richelieu avait su que les convulsionnaires devaient se réunir le même jour dans une maison du cloître Saint-Médéric, et M. de Richelieu ne savait trop comment il s’y prendrait pour en écarter le Vicomte.. — Je vas le faire enlever, disait-il, et je le ferai garder pendant vingt-quatre heures dans ma petite maison du Roule. Je dirai qu’on l’enferme dans un certain cabinet de la Chine qui n’est éclairé que par un œil-de-bœuf en vitre jaune, avec des magots et des magotines qui remuent la tête et les yeux, qui gigottent en se tirant la langue et qui lui feront des postiqueries surprenantes. Il aura cru voir le diable !

En se promenant sur le Cours-la-Reine, il aperçut, arrivant de Versailles et galopant avec un portefeuille rouge en sautoir, un Ordinaire de la chambre du Roi qui s’appelait Marolles, et dont