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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Messieurs de Créquy, de Durfort et de Richelieu avaient comploté d’assister à une séance des convulsionnaires ; mais l’exécution du projet n’était pas facile. Il fallait découvrir d’abord le lieu de l’assemblée, il fallait être prévenu du jour de la réunion, il fallait se procurer, peut-être, une sorte de mot de passe, et, sur toute-chose, il fallait empêcher le Vicomte de Nesmond de s’y trouver ce jour-là (M. de Nesmond n’avait pas eu l’esprit de nous cacher la part qu’il y prenait), afin qu’il ne pût reconnaître aucun de ces Messieurs sous leur déguisement. Vous allez voir comment M. de Richelieu manœuvra pour en venir à ses fins.

Louis Racine avait une gouvernante, et c’était une janséniste forcenée qui s’était déjà fait crucifier deux ou trois fois. Ce n’était pourtant pas que M. Racine fût devenu convulsionnaire et Pâricolàtre. Il n’était pas entièrement convaincu des miracles de saint Pâris ; il n’éprouvait aucune satisfaction de ce que Mam’selle Bergerat, sa gouvernante, allait se faire donner des coups de bûche sur la poitrine et des coups de maillet sur la tête en l’honneur du Père Quesnel et consorts, il avait osé désapprouver que Mlle Bergerat se fît enclouer les pieds et les mains à titre de secours, ce qui l’avait obligée de rester au lit pendant plus de six mois, au lieu de soigner leur petit ménage. Enfin ce pauvre M. Racine était un homme inconséquent ; il était demeuré comme un traîneur en arrière des autres jansénistes ; il en était resté sur le bord du gouffre avec la logique et la grammaire de Port-Royal à la main.

C’était le Duc de Durfort qui nous avait donné