Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

sait : « Nos têtes sont bien dures… — Pas si dures que vous pensez, dit un chevalier de Saint-Louis, et je ne voudrais pas recevoir ces coups-là… — Ce n’est pas des têtes matérielles que je parle ; je parle de nos âmes, dont la dureté est représentée par la dureté de la tête de cette convulsionnaire. » Venons au secours qui caractérise sœur Marie : c’est d’être souffletée.

La sœur Marie était assise sur le matelas. M. de Vauville avait à peine donné deux coups de poing sur chaque joue qu’il entre sept à huit personnes ; j’entends dire : De par le Roi, et je vois un grand et gros homme, avec une redingote grise, se placer près de moi. Je ne devinai point ce que cela signifiait ; mais bientôt le manteau gris tombe, et on voit une robe et un rabat : c’était le commissaire Rochebrune, accompagné de l’exempt d’Emery et de son escorte. Tout alors parut dans l’agitation ; sœur Félicité et sœur Rachel étaient dans le trouble et dans les larmes ; la sœur Sion, tremblante et consternée, se désolait, pleurait, joignait les mains, frappait du pied ; sœur Marie était toujours dans la même attitude, assise sur son matelas, et M. de Vauville, calme au milieu du trouble général, lui donnait de très bons soufflets en récitant le Miserere. Le commissaire, droit comme un terme, le considérait ; je faisais de même, et, sans prendre garde à ce qui se passait dans la première chambre, j’examinais M. de Vauville et sœur Marie, dont les joues étaient enflées, fort rouges, et bleues en quelques endroits. À la fin, je m’aperçus que j’étais presque seul ; l’exempt s’avança, et dit à M. de Vau-