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SOUVENIRS

des revenus de Mlle de Lénoncour déchus pendant sa minorité. La somme était en obligations de rente sur les Aides et Gabelles, et c’était en vertu d’un arrêt du Grand Conseils qui déboutait la Comtesse de Rupelmonde de la tutelle de sa nièce.

Le surplus de la fortune d’Henriette est composé de ses terres de Hérouwal et de Baudricourt qui rapportent cinquante-huit mille livres de produit net, en dehors de leurs droits féodaux, toujours éventuels en Lorraine, à raison des lods et ventes, et du droit de mutation que les vendeurs lorrains et les acquéreurs de ce pays-là trouvent presque toujours moyen de frauder. Le Maréchal a fait appeler son intendant pour en vérifier les comptes et pour en donner quittance à Mme de Rupelmonde, ainsi qu’il s’y trouvait autorisé par la sentence du Grand-Conseil qui venait de retirer la tutelle d’Henriette à cette indigne parente.

Le Vicomte de Gondrecourt est un aimable officier des gardes polonaises ; il est l’intime ami du Chevalier de Boufflers, c’est dire assez qu’il n’est pas sans esprit, et du reste il est joueur de paume infatigable, bon cavalier, hardi chasseur, et d’une assez jolie force au jeu d’échecs. Il a fini par apprendre à parfiler assez proprement ; mais quant à son talent pour les broderies au passé on est obligé de convenir qu’il est à cent piques au-dessous du colonel, son frère. Il idolâtrait sa cousine Henriette, mais il n’avait que mille écus de rente, attendu qu’il avait un frère aîné ; ce qui n’avait pas empêché la Novice et la Coadjutrice d’éprouver le plus tendre penchant pour lui. Tout cela n’a pas empêché