Page:Créquy - Souvenirs, tome 3.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
SOUVENIRS

Il n’est pas vrai que ce prisonnier ait porté jamais un masque de fer, et c’était tout au plus couleur de fer qu’il aurait fallu dire.

Il n’est pas vrai qu’il ait été conduit premièrement au château de Pignerol, dont M. de Saint-Mars était gouverneur, et que ce fût en 1662, car cet officier n’avait été pourvu du gouvernement de cette forteresse qu’en 1664, ainsi que M. de Maurepas l’a vérifié dans les archives de son département.

Il n’est pas vrai que M. de Louvois se soit jamais éloigné de Versailles assez long-temps pour pouvoir aller jusqu’à l’île Sainte-Marguerite, et ce ministre de Louis XIV n’était pas en position de s’absenter ni de voyager incognito.

Voltaire avait commencé par dire que son homme au masque de fer, avait écrit je ne sais quoi sur une chemise très fine qu’il avait jetée par la fenêtre de sa chambre, et qu’un pêcheur avait trouvée flottante sur la mer. On lui fit observer que les chambres des prisonniers n’ouvraient pas sur la grève et que cette chemise très fine aurait dû tornber dans la cour intérieure du fort, attendu que la muraille d’enceinte a quarante pieds de hauteur et qu’elle est à quarante pas de la Tour-Magne. C’est pour éviter cette difficulté que M. de Voltaire a métamorphosé la chemise en assiette d’argent.

Le Baron de Breteuil, aujourd’hui ministre, ajoute à tout ceci : 1° que le Père Papon, dans son histoire d’un voyage à l’île Sainte-Marguerite, a fait une rapsodie misérable, et que lui, M. de Breteuil, a fait punir un vieux sous-officier des com-