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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

tection grotesque !) dont M. le Duc d’Orléans se trouvait animé pour le Chevalier de Tymbrune, ancien favori de Mmes de Pompadour et d’Argenson.

M. le Duc d’Orléans avait pour intime et respectable amie Mme la Marquise de Montesson.

Mme la Marquise avait un jeune protégé qui s’appelait M. le Vicomte de Valence-Tymbrune, et qui était un brun de belle apparence.

M. le Vicomte avait pour oncle et pour curateur le susdit Chevalier de Tymbrune, dont il écoutait les bons préceptes, et dont il devait recueillir la succession.

Eût-on la meilleure volonté du monde, il était impossible de ne pas remarquer que les fournitures de l’hôtel royal des Invalides n’avaient jamais été si dispendieuses que depuis la nomination de ce protégé de Mme de Montesson, et comme il se trouvait aussi que la pitance des vétérans n’avait jamais été si chétive et si résidue, le Ministre de la guerre en alla porter des plaintes ou faire des reproches au Palais-Royal.

Le Duc d’Orléans lui répondit : — C’est une chose incompréhensible, et tout-à-fait incompréhensible, eu égard à la contradiction sur les deux choses qu’on dit ; car enfin je ne suis pas plus bête qu’un autre, et je trouve que c’est incompréhensible ; vous n’en disconviendrez certainement pas !

— Il est vraiment d’une géronterie sans pareille ! avait dit Louis XV. Faites donc savoir à son protégé des Invalides que, si j’entends crier la poule, c’est le Gouverneur que j’enverrai plumer !