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SOUVENIRS

confesser. Il absolvait et bénissait ensuite chacun de ses malheureux pénitens avant de les déposer sur la vague qui allait les ensevelir en guise de linceul ; et puis il recommençait à nager, dans une autre direction, pour un autre malheureux, avec une énergie sublime et jusqu’à la fin d’un apostolat si laborieux et si méritoire, on en conviendra, fût-on protestant de Genève ou janséniste d’Utrecht.

C’était visiblement la providence de Dieu qui l’avait soutenu dans l’exercice de son ministère, ayant, non-seulement un pied ni les deux pieds, mais tout son corps dans l’abîme, avec la certitude et l’effroyable vision d’une mort affreuse, infaillible, incessante, inévitable pour lui. Les témoins de cette admirable scène évangélique ont déclaré qu’il avait disparu le neuvième et le dernier. J’ai su tous ces détails par mon vénérable ami le Duc de Penthièvre, à qui les registres et les bureaux de la Grande-Amirauté de France en avaient donné l’information.


Louis-Philippe d’Orléans[1] avait assez de ressemblance avec M. le Régent, son grand-père, mais celui-ci n’avait qu’un faux air de son aïeul Henri IV. L’action de mâcher, de savourer et d’avaler a toujours été la grande affaire, et, tranchons le mot, la seule affaire de sa vie C’était son unique et véri-

  1. Père de Louis-Philippe Égalité.