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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

savoir les blancs, les nègres et les princes ; mais sur l’article de la consanguinité, Louis XIV était comme la plupart des nobles, et même comme un gentilhomme de campagne ; il aimait ses parens, et c’était pour les d’Harcourt et les Créquy, par exemple, une sorte de bonté qui allait quelquefois jusqu’à la tendresse. Il s’informait toujours de leurs affaires, de leurs enfans, et jusque là qu’il se faisait expliquer les distributions et l’ajustement de leurs châteaux ; mais où la sensibilité du Roi se manifestait le mieux pour ses parens, c’était quand il était question pour eux de quelque mésalliance, et tout le monde a su qu’il avait donné quatre cent mille écus au Marquis de Chabannes-Curton pour dégager ses terres et pour le dispenser d’épouser la fille unique de Colleteau, qui était un riche marchand de Rouen.

Au lieu d’effectuer cette vilaine alliance avec le comptoir et les rouenneries, Henry de Chabannes libéra son marquisat de Curton tout aussi bien que son comté de Rochefort en Auvergne, et se maria l’année suivante avec Mademoiselle de Montlezun, qui était admirablement belle et qui mourut de la petite vérole en 1698. Il épousa depuis, c’est à-dire en l’année 1709, Catherine d’Escorailles, laquelle était veuve de notre cousin Sébastien de Rosmadec, Marquis de Molac et de Guébriant. C’était en 1748 une vieille ridicule qui se cachait et s’enfermait toujours pour manger, dans la crainte de laisser apercevoir qu’elle était sans dents. Elle est morte étranglée par une demi-boule d’ivoire qu’elle portait dans sa bouche afin de se renfler et s’arrondir la joue droite, ou peut-être la gauche, car je ne me