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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Il est certain que les Mailly, les La Tour-d’Auvergne, les Clermont-Tonnerre et les Rohan surtout, valent MM. de Montmorency, pour le moins ! Il est vrai que Mathieu de Montmorency avait épousé la veuve de Louis-le-Gros, mais il est assez connu que c’est parce qu’il était beau garçon, qu’il était jeune, et que la reine était une vieille folle. Enfin leur titre de Premier-Baron-Chrétien est une qualification qu’ils ont fabriquée, car le titre originel et véritable est celui de « premier baron de la vicomté ; prévôté et chrétienté de Paris ; » ce qui veut dire premier feudataire de l’évêché de Paris, tout simplement. La Maréchale avait si bien épousé la famille de son second mari, qu’elle ne pouvait supporter aucune autre prétention nobiliaire que celle de ses Montmorency qui l’absorbaient, et c’est au point que son propre frère, lui pariant un jour de la perte de son fils unique après qui sa famille allait s’éteindre, et sa duché-pairie s’en aller à vau-l’eau ; et pendant qu’il en gémissait auprès d’elle, en lui disant avec amertume : — Il n’y aura plus de Villeroy : — Eh bien, Monsieur, lui répondit la Maréchale, on fera comme il y a trois cents ans, on s’en passera.

Sa maison, ses ameublemens, sa table et ses nombreuses livrées, ses équipages et surtout sa chapelle et sa salle du dais, enfin toute chose de chez elle était

    Pierre-Armand du Cambout des Ducs de Coislin, Marquis de Pontchasteau, Comte de Karheil et premier Baron de Bretagne. Elle est morte octogénaire en 1819, à Paris, où elle était citée pour l’originalité de son esprit, et surtout pour sa disposition naturelle au dénigrement.

    (Note de l’Éditeur.)