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SOUVENIRS

saurait imaginer combien elle en avait perdu de la manière la plus tragique ou de mort violente. C’était je ne sais combien de jeunes officiers tués en duel, deux gentilshommes bretons décapités, un Chevalier de Malte noyé pendant ses caravanes, un premier Page de Madame assassiné dans un fiacre, des Abbés qu’on assassinait à sa porte, un conseiller qui s’empoisonnait avec des champignons, un petit jeune homme qu’on avait jeté par les fenêtres, et par-dessus tout ce malheureux Antoine de Horn ! On disait qu’elle portait malheur aux jeunes gens ; mais dans certains cas on avait eu lieu de s’en prendre à la jalousie plutôt qu’à l’influenza perniciosa ou la fatalité simple et pure.

Un autre duel horriblement scandaleux, fut celui du Prince de Lixin avec le Marquis de Lignéville, oncle de sa femme. Celui-ci fut tué par M. de Lixin, qui fut tué par le Duc de Richelieu, comme je vous le dirai plus tard. C’est la Princesse de Lixin, née Beauvau de Craon, qui est devenue la Maréchale-Duchesse de Mirepoix et j’aurai souvent l’occasion de vous parler d’elle. Ce fut également, si je ne me trompe, à la fin de l’année 1721, que nous fîmes connaissance avec notre jeune et jolie cousine de Villeroy qui sortait du couvent pour épouser le Duc de Boufflers[1]. Étant devenue veuve, elle épousa le Duc de Luxembourg, et j’aurai toujours mille choses

  1. Madeleine-Angélique de Neuville, fille de Nicolas Duc de Villeroy, veuve en premières noces de Joseph-Marie Duc de Boufflers, et femme de François de Montmorency, Duc de Piney-Luxembourg et Maréchal de France.
    (Note de l’Aut.)