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SOUVENIRS

de ce Duc d’Angoulême, il en rapportait des choses inconcevables ; et notablement sur son arrogance à l’égard des Bourbons dans lesquels il ne voyait autre chose que des cadets parvenus. Il en était resté au temps des Valois, et n’en voulut pas revenir sous le règne de Louis XIII. Son hôtel était un lieu de refuge assuré pour tous les malfaiteurs qui payaient de fortes pensions à ses gens de livrée, et quand les archers entreprenaient d’y pénétrer, on les y recevait à coup de mousquet. Le parlement décrétait contre eux, et le Roi ne manquait pas d’évoquer l’affaire à son conseil, où l’on détruisait le dossier, tant les Bourbons avaient conservé d’égards et de considération respectueuse pour les Valois ! Il me semble qu’on voit percer dans tous les vieux écrivains du temps d’Henri IV et même de Louis XIII, un sentiment de regret douloureux et d’attachement profond pour cette race brillante, auprès de qui la branche de Bourbon n’était encore considérée pendant mon enfance et par les vieilles gens que comme une famille de Gascogne, à l’égal des Comtes de Foix et des Sires d’Albret, par exemple, ou peu s’en fallait ! On n’ignorait pas qu’ils ne fussent du sang de France, mais les Valois ! François Premier, son fils, et ces trois jeunes princes, à qui nos pères avaient conservé tant d’amour et donné tant de marques de fidélité ! Ah les Valois ! les Valois ! disaient mes grands-oncles, en gémissant de concert avec l’ancien Évêque de Soissons qui était fils du Chancelier de la Reine Marguerite, et qui ne manquait jamais à faire célébrer tous les ans (le 4 août) un service funèbre et solennel pour le repos de l’ame d’Henry III.