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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

sade au Prince Armand-Gaston de Rohan. Celui-ci ne pouvait accepter la qualité d’Ambassadeur à cause de sa dignité de Cardinal, qui prime d’honneur sur l’autre, mais il prit le singulier titre de chef de la mission chargée des affaires du Roi de France à Rome.

Telle avait été la condescendance et la faiblesse de ce pauvre moine ; mais quand il fallut mettre en délibération d’avoir à satisfaire l’amour-propre et l’ambition de M. l’Abbé Dubois, mon père alla déclarer qu’il se retirait de la négociation. Ce fut en vain qu’on entreprit de l’y faire intervenir, ne fût-ce au moins qu’à titre d’assistance et de conseil ; il persévéra jusqu’à la fin dans l’inaction, la froideur, et, je puis ajouter, le juste mépris qu’il avait manifesté pour cette manœuvre[1]. Il alla jusqu’à dire à M. de Sisteron que ses instructions, à lui Comte de Froulay, ne portaient rien d’analogue à l’objet de cette lettre, ce qui lui paraissait plus sensé qu’à M. Dubois n’appartenait, attendu qu’il n’aurait jamais voulu se charger de pareille mission. Il en fut conférer prudemment avec les autres Cardinaux français qui n’étaient certainement pas d’humeur à vendre le Saint-Esprit, sans compter qu’ils n’avaient nulle envie de se déshonorer aux yeux du Sacré-Collège à titre de Simoniaques, et voilà ce qui fit que M. le Régent et M. Dubois furent obligés d’en res-

  1. Il n’était pas encore question de solliciter le chapeau rouge pour l’Abbé Dubois, et c’était seulement un titre d’Archevêque in partibus qu’on voulait obtenir pour lui.
    (Note de l’Auteur.)