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SOUVENIRS

Sans compter deux Demoiselles de Froulay, mes tantes à la mode de Bretagne, qui avaient épousé (je n’ai jamais su pourquoi), deux Messieurs de Breteuil, et dont j’aurai l’occasion de vous parler plus tard, nous avions aussi deux arrière-grands-oncles,

    mont, de Trans et de Nogent, Châtelain de Varnye, Baron d’Aulnay, Lessart, Fresnoy-sur-Sarthe et autres lieux, Grand d’Espagne de la première classe, Duc Romain, Noble Génois et premier Baron du Maine, Maréchal et Grand-Fauconnier de France, Colonel-Général des Dragons, Général des Galères de France et Chevalier des ordres du Roi, Chevalier de l’ordre insigne de la Toison d’Or et de l’ordre royal de Saint-Jacques-porte-Glaive, Grand’Croix de l’ordre militaire et hospitalier de Saint-Jean Jérusalem de Malte, Conseiller du Roi en tous ses conseils, son ancien Ambassadeur auprès du Saint-Siège Apostolique, Gouverneur du Maine et Grand-Écuyer de la Reine.

    Sa mère était l’héritière de cette ancienne et chevaleresque maison de Beaumanoir bois-ton-sang, qui descendait du fameux héros breton de la bataille des Trente. La grand’mère du Maréchal était la belle et fameuse Marie d’Escoubleau de Montluc, laquelle était fille du Marquis d’Alluye et de Jeanne de Foix, Princesse de Chabannais et de Carmaing. Excusez-nous du peu, s’il vous plaît, comme aurait dit Mme de Luxembourg.

    Mon oncle est mort en 1725, au couvent des Camaldules, où il s’était retiré depuis plusieurs années. Il avait le Régent, la régence et surtout la cour du Régent en abomination. Il ne sortit de sa retraite que pour assister au sacre du Roi Louis XV, où il eut l’honneur de porter sa main de justice. Il est fort inutile de réfuter ici plusieurs mensonges dont cet envieux et venimeux Duc de Saint-Simon s’est rendu coupable envers le Maréchal de Tessé, qui n’en était pas moins un grand capitaine, ainsi qu’un des plus vertueux et des plus illustres personnages de leur temps. Je n’ai pas besoin de vous dire, et vous verrez partout combien il était renommé pour la délicatesse et l’agrément de son esprit.

    (Note de l’Auteur.)