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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

rattacher. Toujours est-il que ces prétendus Carlovingiens ont eu grand soin de ne jamais publier ni montrer leur belle généalogie, et qu’on n’a jamais pu savoir où la trouver pour la contrôler et pour y mettre le doigt sur le point de suture.

Le véritable nom de leur famille est Grignaux. Il est visible, il est indubitablement prouvé que celui de Talleyrand, qu’ils ont adopté, n’était qu’un prénom qui avait été porté par deux ou trois personnages de l’ancienne maison à laquelle ils se sont accrochés. C’est absolument comme si tout ce qui s’appelle Bouchard voulait être Montmorency, et comme si toutes les familles qui s’appellent Roger voulaient être issues des anciens Comtes de Beaufort. Mes grands oncles disaient toujours à propos du premier mariage de Mme des Ursins, sous Louis XIV, qu’on avait été confondu de surprise en voyant une fille de la maison de la Trémoille épouser ce monsieur de Chalais, et que cela n’était provenu que de ce qu’on l’avait supposée dans la nécessité d’être mariée le plutôt possible. La supposition d’un titre de Principauté pour cette petite seigneurie de Chalais est une supercherie misérablement ridicule, et il est assez connu que cette Demoiselle de Chalais, qui s’intriguait de si belle sorte, et dont il est question dans tous les mémoires du temps comme étant la demoiselle de compagnie de la Marquise de Sablé, était la sœur aînée de ce prétendu prince de Chalais[1]. Dans la jeunesse de

  1. « Ladite paroisse de Chalais n’a jamais été qu’un fief mouvant des archevêques de Bordeaux à qui les Talleyrand en prêtaient foi et hommage. Elle n’a jamais été érigée en princi-