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DIX -NEUVIÈME SIÈCLE.

Appelant sa compagne et regardant les cieux,
Un ramier, comme toi, soupire de l’orage.

Laissez pleuvoir, ô cœurs solitaires et doux !
Sous l’orage qui passe, il renaît tant de choses.
Le soleil, sans la pluie, ouvrirait-il les roses ?
Amants, vous attendez ; de quoi vous plaignez-vous ?

(Les Poésies inédites, recueil posthume.)


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LE NID SOLITAIRE




Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu’un libre oiseau, te baigner dans l’espace.
Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve,… mon beau rêve à la terre caché.

Moi, je veux du silence, il y va de ma vie,
Et je m’enferme où rien, plus rien ne m’a suivie ;
Et de mon nid étroit d’où nul sanglot ne sort.
J’entends courir le siècle à côté de mon sort.

Le siècle qui s’enfuit grondant devant nos portes,
Entraînant dans son cours, comme des algues mortes,
Les noms ensanglantés, les vœux, les vains serments,
Les bouquets purs, noués de noms doux et charmants.

Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu’un libre oiseau, te baigner dans l’espace,
Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve,… mon beau rêve à la terre caché.

(Les Poésies inédites, recueil posthume.)


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