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POÉSIES DE MADAME VALMORE. 153

Sans le chercher comme l’air qu’on respire,

J’aurais porté mes jours sous d’autres cieux.

II est trop tard pour renouer ma vie ;

Ma vie était un doux espoir déçu :

Diras-tu pas, toi qui me l’as ravie,

Si j’avais su ?


LES ROSES DE SAADI


J’ai voulu, ce matin, te rapporter des roses ;

Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes,

Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.

Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées

Dans le vent, à la mer, s’en sont toutes allées.

Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir.

La vague en a paru rouge et comme enflammée...

Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...

Respires-en sur moi l’odorant souvenir.


    (Les Poésies inédites, dernier recueil.) 


LA JEUNE FILLE ET LE RAMIER


Les rumeurs du jardin disent qu’il va pleuvoir :

Tout tressaille, averti de la prochaine ondée ;

Et toi, qui ne lis plus, sur ton livre accoudée,

Plains-tu l’absent aimé qui ne pourra te voir ?

Là-bas, pliant son aile et mouillé sous l’ombrage,

Banni de l’horizon qu’il n’atteint que des yeux,