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SEIZIÈME SIÈCLE.

en public seules, je vous ai choisie pour me servir de guide… » On connaît maintenant le caractère de Louise, un mélange d’indépendance et de pudeur. Elle fera peut-être des chutes profondes : elle ne tombera jamais dans la boue.

Ses œuvres, que l’auteur appelle ses jeunesses, forment un très-petit volume composé du Débat de folie et d’amour, en prose, de trois élégies et de vingt-quatre sonnets. Il n’est pas probable qu’après son mariage avec Ennemond Perrin, le riche marchand cordier, « le bon sire Aymon » d’Olivier de Magny, Louise Labé se soit encore livrée à son goût pour la poésie. Les élégies et les sonnets se rapportent à un amour qui dura treize ans. On y sent, dans le détail de la langue et de la versification, l’influence de Maurice Scève. Louise, comme Maurice, était plus près de Marot que de Ronsard. Beaucoup d’obscurités et d’incorrections déparent ses petites pièces qui seraient presque médiocres, si elles n’étaient animées par une vraie passion que le poëte ressent, selon son expression, « en ses os, en son sang, en son âme. » Il y a de la tendresse et de la gentillesse dans les élégies : mais dans quelques sonnets, la pauvre âme amoureuse éclate et se brise, comme celle de Sapho à Leucade, ou comme celle de Simétha devant la mer de Sicile.

Hippolyte Babou.

Les œuvres de Louise Labé ont eu huit éditions, dont la première est de 1555, et la dernière de 1845, (Paris, Techener, notice de Léon Boitel).

On consultera utilement :

Guillaume Paradin, (Histoire de Lyon) ; La Croix du Maine et Du Verdier, Pierre Bayle, (Dictionnaire historique et critique) ; Dominique de Colonia, (Histoire littéraire de la ville de Lyon) ; Niceron, Ruolz, Pernetti, et surtout une excellente étude de M. Sainte-Beuve, (Revue des Deux Mondes, 1845).