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FRAGMENT DU POËME INTITULÉ : LA GLOIRE DU DOME DU VAL-DE-GRACE

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Source des beaux débris des siècles mémorables,
Rome, qu’à tes soins nous sommes redevables
De nous avoir rendu, façonné de ta main,
Ce grand homme, chez toi devenu tout Romain[1],
Dont le pinceau célèbre, avec magnificence,
De ses riches travaux vient parer notre France ;
Et, dans un noble lustre y produire à nos yeux.
Cette belle peinture inconnue en ces lieux,
La fresque, dont la grâce à l’autre préférée,
Se conserve un éclat d’éternelle durée,
Mais dont la promptitude, et les brusques fiertés
Veulent un grand génie à toucher ses beautés !
De l’autre qu’on connaît la traitable méthode
Aux faiblesses d’un peintre aisément s’accommode ;
La paresse de l’huile, allant avec lenteur,
Du plus tardif génie attend la pesanteur ;
Elle sait secourir, par le temps qu’elle donne,
Le faux pas que peut faire un pinceau qui tâtonne ;
Et pour cette peinture, on peut, pour faire mieux,
Revenir, quand on veut, avec de nouveaux yeux.
Cette commodité de retoucher l’ouvrage
Aux peintres chancelants est un grand avantage ;
Et ce qu’on ne fait pas en vingt fois qu’on reprend,
On peut le faire en trente, on peut le faire en cent.

Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance.
Qu’un peintre s’accommode à son impatience,
La traite à sa manière, et, d’un travail soudain,
Saisisse le moment qu’elle donne à sa main.

  1. Mignard, surnommé le Romain.