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BENSERADE


1612 — 1691



Fin, délicat, ingénieux, toujours pur et correct,’souvent pompeux et fort comme si sa muse allait enfin déployer de véritables ailes, il semble que ce gentilhomme porteur de lyre ait réellement vécu la vie de contes de fée que rêvent lès pauvres poètes, assis près de leur foyer solitaire.

Toute sa biographie, toute son œuvre a des façons de royaume de Cappadoce et de duché de Trébizonde. Son premier bon mot Te rend célèbre le jour où il reçoit le sacrement de la Confirmation, et ce sacrement lui est conféré par l’évèque de Dardanie, afin que cette vie bizarrement luxueuse ait tout d’abord sa couleur étrange.

A peine sorti du collège, il aborde tout de suite le théâtre, si diflicile en tout temps à escalader pour les poètes lyriques ; mais les arbres peints, les grottes magiques, les demeures de nymphes et de naïades, tout cet univers de la comédie que plus tard Marivaux et Watteau devaient comme lui mêler à la vie réelle, cet Eldorado de la poésie incarnée et parlée n’était-il pas naturellement la patrie d’Isaac de Benserade, si évidemment prédestiné à écrire le Ballet roijal de la nuit, le Ballet des amours malades et le Ballet des plaisirs de Vile enchantée ?

Il fait jouer la Mort d’Achille et la Dispute de ses armes, Iphis et Ianthe, mais pour lui, comme pour tous les chercheurs d’amour qui doivent trouver dans les coulisses leur île d’Alcine, le véritable attrait du théâtre c’était l’amour des comédiennes. Il quittait la Sorbonne en compagnie de l’abbé d’Armantières pour aller courtiser à l’hôtel de Bourgogne la belle Valiote et la belle Rose. Plus tard, ses comédiennes se nommeront la duchesse de Montbazon, mademoiselle de Mancini, mademoiselle d’Arquien, madame de Morteraart, mademoiselle d’Aumale,