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ANTOINE DE BAIF


1531 — 1592



Jean Antoine de Baïf naquit à Venise des amours de Lazare de Baïf, ambassadeur de France, avec une demoiselle de condition. Lazare de Baïf, étant dans les ordres ecclésiastiques, ne put épouser sa maîtresse, mais il reconnut son enfant. Il l’emmena avec lui à Paris où il lui fit donner l’éducation qu’un gentilhomme poëte et savant pouvait ambitionner pour son fils. Lazare lui-même a compté dans le mouvement de la poésie française au xvie siècle. Il était de la race des Daurat, des Saint-Gelais et des Etienne Pasquier, de tous ceux qui, au commencement du xvie siècle, hésitèrent entre le latin et le français, et marquent la transition de l’un à l’autre. Trois petits traités en langue latine sur les Vêtements, les Vases et les Navires des anciens, qu’il composa pendant un voyage à Rome, ont eu plusieurs éditions. Ses traductions françaises de l'Electre de Sophocle, et de l’Hécube d’Euripide, estimées en leur temps,ont été depuis fort sévèrement jugées par les critiques du xviie et du xviiie siècle, et notamment par Goujet, qui, suivant moi, n’ont pas assez tenu compte à l’auteur de la difficulté d’une première tentative. La vie de Lazare de Baïf ne faisant point le sujet de cet article, nous renverrons, pour les détails, à la biographie qu’en a donnée M. B. Hauréau dans son Histoire littéraire du Maine. Disons pourtant, comme conclusion, que Scévole de Sainte-Marthe lui a donné place dans ses Éloges des Français illustres, et que Ronsard a célébré sa mort dans une ode dont nous rappellerons seulement les derniers vers comme marquant le degré d’estime où le tenaient ses contemporains :