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LES ROMANS D’AVENTURES.




CHRETIEN DE TROYES


Le roman d’aventures, grandissant avec rapidité, parvient dès la fin du xii « siècle à son entier développement. Un trouvère do Troyes, nommé Chrétien, attaché à la cour des comtes de Flandre, Philippe d’Alsace et Beaudoin IX, comp)osa les plus célèbres des contes rimes do la Table ronde : Le Chevalier au lion, Erec et Enide^ Cligès, Lancelot en la charrette, Perceval le gallois. Conteur facile, abondant, disert, il introduisit dans ces récits une recherche, un art jusqu’alors inconnus. Chrétien de Troyes n’était pas un génie créateur ; il n’a point inventé les fictions qu’il a mises en œuvre ; il n’a fait que broder avec élégance les thèmes que lui fournissait la littérature bretonne ; il a puisé tous ses matériaux à cette mine si riche qui déjà s’exploitait de toutes parts. Mais nul ne personnifie mieux cette civilisation précoce qui adopte et transforme les légendes celtiques et qui leur crée une influence universelle. 11 contribue plus qu’aucun autre poète de son temps à propager les sentiments de la chevalerie nouvelle, à précipiter la révolution qui tend à s’opérer dans les mœurs féodales. Nous ne reproduirons qu’une page de ce conteur pour donner une idée de sa manière et de son style* voici comment débuté le roman du Chevalier au lion ^.

1 Nous transcrivons les vers suivants d’après les manuscrits n » ’27 et 73 ancien fonds de Cangé, de la Bibliothèque impériale. Le second de ces manuscrits est l’œuvre d’un copiste de profession, dont voici la signature :

Espliril li cheTaliers au lyeon,
Cil qui 1’escril Guioz a non ;
Devant Nostre-Dame de Val
Est ses ostex loi à estal.