Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/464

Cette page n’a pas encore été corrigée

la mort de Delacroix (i), je l’ai éprouvé à ma manière : je ne lui avais jamais parlé et je l’avais à peine vu. Mais je lus frappé d’une vraie douleur, d’un vrai deuil, ce fut vraiment un coup pour moi, et une perte, un soir, à 8 heures, en ouvrant un n° de la Presse et lisant : et M. Eugène Delacroix vient de mourir ». Je sentis que les arts perdaient un grand homme. Il me semble que j ’aurais éprouvé la même douleur à la mort de Watteau ou de Mozart, artistes de feu et de passion. Je ne crois pas l’éprouver à la mort d’un autre peintre très célèbre de ce temps, qu’on veut toujours opposera Delacroix, mais que je ne sens pas. Le tempérament et les nerfs sont tout dans nos jugements et nos appréciations.

» Pour en revenir au maître, il est tout à fait bien ; il travaille ; nous travaillons tous les jours depuis 9 heures jusqu’à 2, comme s’il n’était pas sénateur, et le fait est qu’il ne profite de ses loisirs que pour mieux faire. Il n’est plus pressé, n’a plus besoin de faire un article d’un lundi à l’autre, et alors il en est déjà sorti les grands articles sur Proudhon (que je n’ai pu vous envoyer. Champfleury me dit, il y a quelques mois, que vous me les demandiez. Je dis à de Calonne de vous envoyer les Revues. C’est là qu’il fallait les lire et non pas dans le Constitutionnel, qui n’a donné qu’un très petit extrait. Calonne me promit de vous les faire avoir. Je ne sais s’il l’a fait). — Il va réimprimer à présent son Port Royal.

» Je vous remercie d’avance de la rareté dont vous nous ménagez la surprise à Sainte-Beuve et à moi •> .

(1) V. les Lettres, 5 mars 1866.

(2) M. Troubat ni Sainte-Beuve ne devaient jamais ap