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Hauteville-house, 29 avril 1860 (1).

« Vous m’avez envoyé, cher poète, une bien belle page ; je suis tout heureux et très fier de ce que vous voulez bien penser des choses que j’appelle mes dessins à la plume (2), j’ai fini par y mêler du crayon, du fusain, de la sépia, du charbon, de la suie et toutes sortes de mixtures bizarres qui arrivent à rendre à peu près ce que j’ai dans l’œil et surtout dans l’esprit. Gela m’amuse entre deux strophes.

» Puisque vous connaissez M. Méryon, dites-lui que ses splcndides eaux— fortes m’ont ébloui. — Sans la couleur, rien qu’avec l’ombre et la lumière, le clairobscur tout seul et livré à lui même : voilà le problème de l’eau-forte. M. Méryon le résout magistralement. Ce qu’il fait est superbe. Ses planches vivent, rayonnent et pensent. Il est digne de la page profonde et lumineuse qu’il vous a inspirée (3). Vous avez en vous, cher penseur, toutes les cordes de l’art ; vous

plaquette : Théophile Gautier (1859). Baudelaire l’avait sollicitée par deux billets au moins, que nous n’avons pas trouvés dans le recueil du Mercure ; il était fort désireux de l’obtenir. (V. ses Lettres, 26 mirs, 7 août, 19 septembre, i cr octobre 1859 ) — On se rappelle que nous avons donné, dans I’Etude biographique, une première lettre d’Hugo, écrite au lendemain du procès des Fleurs.

(1) Publiée dans les Souvenirs-Correspondances.

(2) Salon de 1809, Œuvres complètes, II, p. 338.

(3) Ibid., p. 336.