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retour do tendresse, et l’envie do la violer, la maîtresse de Rouvièrese récria contre l’atrocité do colle situation.

« Eh ! madame, lui dit Baudelaire, tout le monde en ferait autant. Et ceux qui ne sont pas ainsi sont des originaux ! » Les projets, les plans d’ouvrages de théâtre n’ont été la plupart du temps pour Baudelaire qu’un prétexte pour fréquenter et causer avec des gens qui lui plaisaient. Ainsi, pour Y Ivrogne, Rouvière. Ainsi l’opéra où devaient se rencontrer Don Juan et Catilina, et dont il abusa pour aller flâner des journées chez Roqueplan. La pièce était toujours toute faite. Mais ce qui arrêtait tout, c’étaitun accessoire, un détail de décoration, un arbre des colonies qu’il lallait absolument faire copier. Pour l’opéra, l’obstacle était M. Emile Touai, auteur de symphonies jadis jouées chez Yalentino, et que Baudelaire voulait absolument pour musicien. Où trouver M. Emile Touai ? Cela pouvait aller longtemps, et, en attendant, les conversations allaient leur train. Je ne sais si Nestor a jamais pris au sérieux l’opéra de Baudelaire, lequel du reste fut changé sur la fin en ballet.

Dans le temps du despotisme de Philoxène, Baudelaire ne fut pas plus épargné que les autres : et je ne fus jamais plus étonné qu’en voyant cette nature si raide, si cassante, indépendante souvent jusqu’à la férocité, baisser pavillon devant un bavard dont toute la force était dans la langue et dans les nerfs. Baudelaireen était arrivé à la terreur . « cruel petit lyrique » (c’était le nom qu’il donnait à Philoxène). « Infâme petit lyrique ! i >)

(i) Le Charles Baudelaire, Lettres, ne donne qu’un