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l>al>lc de m ? éveiller quand il me plaît, au bout d’une demi-heure, si je \cux ? oui, c’est cela, je vais m’étendre d’abord une petite heure, afin d’être mieux disposé, et je finirai ma nuit sur quatre heures du matin. — Alors, bonsoir. » En m’éveillant le lendemain vers huit heures, j’apercevais mon Baudelaire roulé dans les couvertures et le nez dans la ruelle. « Je vous \ois, me disait-il au bout d’un moment, de sa voix claire, je vous vois. Je suis réveillé depuis longtemps. » Sur la table, le papier n’était pas déroulé, les livres n’étaient pas ouverts. « Eh bien, disais-je, et cette feuille d’impression ? et ce travail à fond de train ? — Farceur ! toujours vos farces ! — Mais enfin, vous n’avez pas écrit une ligne. — Eh bien, quoi ! j’ai cédé à la paresse. — Mais que dira-t-on à la Revue ? — Je m’expliquerai. — Après tout, il n’est que 8 heures, ça vous fait vos quatre heures, vous avez encore le temps. — Hum ! farceur, éternellement farceur ! » Bien entendu, Baudelaire n’allait seulement pas à la Revue. Il déjeunait avec moi, et nous causions pendant toute l’après-midi. Cette scène s’est renouvelée bien des fois (i), toujours avec la prétention de tout tuer, d’abattre page sur page et de donner aux autres des leçons de travail par son exemple, et jamais sans plus de succès. Il allait ainsi percher chez Nadar, chez Lespès, chez Dupont. Il coucha une fois, six semaines de suite, sur le canapé d’un ami, cité ïrévise.


(i) Témoin notamment les letties où des directeurs de revues reprochent son inexactitude à leur collaborateur. V. plus loin, x.