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Il eut longtemps l’habitude d’aller demander l’hospitalitc à ses amis, pour une nuit, un jour, deux, plus ou moins. Cela tenait à deux causes : d’abord l ’horreur de son domicile, souvent insuffisant et incommode, les désagréments qu’il avait parfois dans son intérieur, quand il était partagé, les vexations de créanciers, etc. et puis le besoin incessant de conversation. Que de fois je l’ai vu arriver chez moi vers les 4 ou 5 heures, d’un air affairé : « Mon cher, je viens vous demander un service qui va bien vous ennuyer car je sais que vous n’aimez pas cela. Mais il le faut absolument. J’ai promis de livrer demain à midi une feuille d’impression à la Revue de Paris. Vous comprenez que ce n’est pas cela qui m’embarrasse. Vous connaissez mon horrible rapidité de travail ( — il travaillait au contraire très lentement, comme tous les hommes soigneux) — une feuille à écrire en seize heures ! ce n’est rien pour moi ! mais à cause de tracas, d’ennuis, il m’est impossible de travailler chez moi. Il faut donc — absolument — que vous m’accordiez l’hospitalité jusqu’à demain midi. Je ne vous dérangerai pas. Je ne ferai pas de bruit. Vous me mettrez où vous voudrez. Je serai sage comme un petit enfant… — Mais c’est très bien, mon ami, cela tombe d’ailleurs à merveille. Je suis obligé de sortir et ne rentrerai que pour me coucher. Vous serez donc complètement chez vous*. — Oh ! quand vous rentrerez, la besogne sera bien avancée… Voyons, il est cinq heures. Vais-je d’abord aller dîner, ou bien ne dincrai-je que quand tout sera fini ? — Cela vous regarde, je xais toujours vous faire faire un lit. . — Oh ! un lit !… après cela,