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dévouas, il avait, comme nous l’avons vu par la lettre citée plus haut, fait transporter Baudelaire dans la maison de santé, tenue par des Sœurs.

curs des journaux intimes, les allusions que leur auteur fait à ses vices, ses cris de détresse, surtout l’émiettement de sa volonté dont il se plaint souvent, et dans l’instant même où il semble témoigner, au contraire, d’une très agissante énergie.

Quant aux liqueurs alcooliques, il ne s’y adonna que dans les dernières années de sa vie. Jadis il ne s’enivrait jamais. « Il était naturellement sobre. Nous avons souvent bu ensemble, je ne l’ai jamais vu gris ni lui moi. » (Notes de M. Le Vavasseur). Mais il a de tout temps aimé le vin. C’est ce que prouvent les anecdotes caractéristiques racontées par Maxime du Camp dans ses Souvenirs de jeunesse, par Alexandre Schanne, dans les Souvenirs de Schaunard. Je pourrais citer, sur ce point, d’autres témoignages, notamment celui de M. Troubat. Dans l’extrême détresse d’âme à laquelle il était réduit par la pauvreté, parla maladie, par l’impuissance de travailler, il accepta, avec désespoir, la ressource funeste qu’il conseille, dans un de ses poèmes en prose, à qui veut échapper au sentiment de l’éternelle misère humaine : « Pour ne pas sentir l’horrible fardeau qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. — Mais de quoi ? — De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. » (OEuvres complètes, t. IV, p. 106). Les deux dernières de ces ivresses, les seules qui soient nobles et salutaires, lui étaient devenues inaccessibles ; il eut recours à la première. Pour être exact jusqu’au scrupule, il faut remarquer que le mal auquel il succomba couvait peut-être dans ses veines, et que son intempérance a pu en hâter seulement l’explosion. On voit par ses lettres à Poulct-Malassis, qu’en juillet 1860, une attaque de paralysie avait également frappé, à l’âge de cinquante-cinq