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près de lui. Vous comprendrez ce que la vérité brutale, apprise par les journaux, pourrait causer de tourments à cette pauvre femme, à qui on a du laisser de l’espoir, — moi le premier, qui, d’ailleurs, en avais gardé jusqu’à vendredi dernier… J’ai écrit à A.ssclineau chaque fois que la situation de Baudelaire a varié. Je supposais qu’il vous avait instruit de la situation au vrai. »

Les termes si précis de cette lettre ne permettent pas de douter que l’intempérance ne fût une des causes principales de la paralysie qui frappait Baudelaire (1).

(1) Dans la notice des Œuvres complètes de Baudelaire, Théophile Gautier proteste contre cette opinion que l’auteur des Fleurs du Mal eût « l’habitude de chercher l’inspiration dans les excitants », et que la paralysie qui l’emporta dût être attribuée à des excès de haschisch et d’opium ». Il n’hésite pas à écrire : « Sa maladie n’eut d’autre cause que les fatigues, les ennuis, les chagrins et les embarras de toute sorte inhérents à la vie littéraire pour tous ceux dont le talent ne se prête pas à un travail régulier et de facile débit. » Enfin, Gautier va jusqu’à cette assertion tout à fait téméraire : « Qu’il ait essayé une ou deux fois du haschisch comme expérience physiologique, cela est possible et même probable, mais il n’en a pas fait un usage continu. » On trouvera çà et là, dans les lettres de Baudelaire à Poulet-Malassis, la réfutation de cette apologie trop complète. Par exemple, il y raconte qu’il tient d’un pharmacien de ses amis une recette pour composer soi-même du haschisch, et, dans un autre endroit, à la date de i85q, il écrit au seul confident, pour lequel il n’ait pas de secrets : « Je suis bien noir, mon cher, et je n’ai pas d’opium. »

Il écrit encore à M. Ancelle : « Un médecin, que j’ai fait venir, ignorait que j’avais fait autrefois un long usage de l’opium… » (Lettre du 26 décembre i8G5. — Voy. plus haut).