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iche. Au bout de dix mois de séjour en Belgique, des symptômes graves commencent à se produire :

m Je vous écris dans le répit que me laisse une de mes crises, qui sont si violentes quelquefois, que, ce matin, il m’a fallu plus d’une heure pour déchiffrer votre lettre… Vous me félicitez sur ma santé ! Depuis huit jours, je souffre en diable. J’ai eu alternativement les deux yeux bouchés par le rhume, la névralgie ou le rhumatisme-. J’avais débuté, comme vous savez, par quatre mois de dérangements d’estomac et d’intestins. En août et en septembre, il y a eu un petit peu de lumière et de chaleur. Alors, je me suis bien porté. Mais depuis deux mois, je suis pris généralement à minuit par la fièvre. Les longues heures s’écoulent dans un tressaillement et un froid continus ; enfin le matin, je m’endors de fatigue, n’ayant pas pu profiter de mon insomnie pour travailler, et je me réveille tard, dans une affreuse transpiration, très fatigué d’avoir dormi. Depuis huit jours surtout, il y a eu surcroît de douleur. Et vous savez qu’il n’y a pas de bravoure possible, si ce n’est la passive, dans la douleur. C’est une parfaite abdication de la volonté. » (Lettre du 8 février i865, à M. Ancelle.)

Au commencement de son séjour à Bruxelles, il avait fréquenté quelque peu dans les tavernes où se réunissaient les proscrits de l’Empire et quelques artistes belges. M. Camille Lemonnier, encore écolier, l’a vu enfiler le couloir du Prince of Wales où il rencontrait Bancel, liane, Wetzel, Deschanel, Laussedat, Alfred el Josepb Stevens ; — il Ta entendu « scander avec enflure» pour ce public choisi « des vers dédiés aux chiens errants et malheureux i » et c’est r occasion,

(i) « Un jour, comme il le raconta lui-même dans ses Petits i,<>( :mes en prose, on vit Joseph Stevens, le maître des cabots calamiteux, impétueusement se dépouiller de son gilet « d’une couleur riche et fanée qui fait penser