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<c C’était primitivement mon dessein, et si je ne l’ai pas fait, c’était pour ne pas vous désobéir et pour ne pas paraître trop excentrique… Aussi bien Lacordaire est un prêtre romantique et je l’aime. Peut-être glisserai-je, dans la lettre, le mot de romantisme, mais non sans vous consulter. »

Il avait écrit, en même temps et dans le même sens, à Vigny i . Les deux réponses ne se firent pas attendre. Elles n’étaient pas moins formelles l’une que l’autre, et conseillaient un désistement simple et total.

Sainte-Beuve écrivait même :

« Ce choix exprès du P. Lacordaire, le catholique-romantique, paraîtrait excessif et choquant, ce que votre bon goût de candidat ne veut pas faire (2). »

Sur de nouvelles instances du critique des Lundis 3 . Baudelaire se décida enfin. Il écrivit la lettre

voulu parler de l’article sur l’Académie et de l’appui qu’il

vient me donner dans cette question.

« 77 ny a eu, à la séance qui a suivi, rien de particulier,

aucune interpellation, et les choses se sont passées comme à

l’ordinaire.

« Je salue et respecte le bienveillant anonyme. »

Le passage mis en italique témoigne que Sainte-Beuve,

qui savait quel émoi ses projets de réforme avaient dû

jeter dans l’illustre compagnie, s’attendait à être pris à

partie par quelqu’un — ou quelques-uns de ses collègues.

(1) V. à Y Appendice, X, la lettre d’ A. de Vigny.

(2) Correspondance, t. I, lettre du 2C janvier 1862.

(3) « Je vous ai dit raisonnablement qu’il n’y avait rien à faire, selon moi… Laissez l’Académie pour ce qu’elle est, plus surprise que choquée, et ne la choquez pas en revenant à la charge au sujet d’un mort comme Lacordaire. Vous êtes un homme de mesure et vous devez sentir cela… » (Correspondance, t. I, lettre du 9 février i8fcri.