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morts dont l’humanité recueille jusqu’aux vestiges de leurs écrits… J’acquiesçai alors ; mais, du même coup, je prenais envers moi-même l’engagement de rééditer aussi, après l’avoir revue et complétée, la première partie du livre de M. Eugène Crépet, son Étude biographique, qu’on avait bien voulu déclarer, en 1887, aussi neuve en révélations que les manuscrits et les correspondances dont elle était suivie. Il me sembla que je devais cet effort autant à la mémoire de mon père qu’à ma ferveur baudelairienne.

Dans l’Avant-Propos de son ouvrage, M. Eugène Crépet a exposé par le détail à quel rare concours de circonstances et de bonnes volontés cette Étude devait son mérite. Possesseur lui-même des principaux manuscrits inédits du poète, il avait eu facilement accès auprès de nombreux collectionneurs, dont MM. de Spœlberch de Lovenjoul, Piat, Parran, Maurice Tourneux, notamment, qui, avec une obligeance toute confraternelle, lui avaient ouvert leurs archives.

Il fut assez heureux encore pour trouver chez M. Ancelle, conseiller judiciaire et confident intime de Baudelaire pendant vingt-deux ans, l’accueil le plus bienveillant et l’aide la plus désintéressée. Cet aimable octogénaire, dont l’âge n’avait pas glacé le cœur ni altéré l’esprit, se réjouit de donner à la mémoire de l’ami une dernière preuve de son dévouement ; les trésors de ses dossiers, incomparables pour la période du séjour en Belgique, vinrent enrichir l’étude du biographe.

Enfin il y avait, dans la vie de Baudelaire, une époque sur laquelle les renseignements certains faisaient défaut : ses années de jeunesse et de début dans les lettres. Par les notes pittoresques et circonstanciées que l’on sait — ou qu’on lira, — MM. Gustave Le Vavasseur, Ernest Prarond, Jules Buisson, Philippe de Chennevières, Auguste Dozon, Champfleury, qui, de 1841 à 1848, avaient été des plus intimes compagnons du poète, voulurent bien combler cette lacune regrettable….