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paisible étude du passé pour se livrer aux passions politiques du jour. Insurgé de juin i848, condamné à la déportation, puis gracié, à quelques mois de là, il était revenu à Paris pour y vivre dans le milieu qu’il aimait (i).

Rappelé à Alençon par la mort de son père, il lui avait succédé, et comme l’impression du journal de la préfecture ne pouvait suffire à son activité, il voulut donner satisfaction à ses goûts et à ses aptitudes littéraires en éditant quelques ouvrages de ses jeunes amis parisiens. Après s’être adressé à Théodore de Banville, qui lui donna les Odes funambulesques , il offrit à Baudelaire d’éditer les Fleurs du mal (2).

(1) Lire, sur Poulet-Malassis, les intéressantes études biographiques du G te G. de Contades (Le Livre, n° du 10 mars 1 884), et de M. Maurice Tourneux : Auguste Poulet-Malassis (Paris, aux bureaux de l’Artiste, 1893. Tirage à part à 50 exemplaires.) Cette dernière étude est illustrée de frises et de lettres ornées que Braquemond avait dessinées et Sotain gravées, pour une édition de luxe des Fleurs du mal. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur ce projet qui n’aboutit point.

(2) Plusieurs causes créèrent l’intimité entre le poète et son éditeur, en dépit, ou plutôt en vertu des différences de tempérament et d’intelligence qui les séparaient. Imprégné de la philosophie et de la littérature du xvm e siècle, Poulet-Malassis semblait avoir peu de points de contact avec un homme qui professait un catholicisme intolérant, abominait Voltaire qu’il appelait : « ce misérable, ce maudit », et se faisait gloire d’être le plus romantique des poètes de sa génération. Mais ils sympathisaient sous d’autres rapports. Tous deux aimaient la fantaisie dans l’art et dans la vie, ce que Baudelaire ap