Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est Ki le travail le plus étendu, le plus remarquable à tous égards, où Baudelaire ait exposé ses doctrines de critique d’art. Il y traite surtout, avec compétence et originalité, les questions éternelles de la ligne et de la couleur. Si son enthousiasme pour Delacroix peut être taxé d’engouement, les passages où il discute magistralement les hautes qualités et les défauts incontestables du talent d’Ingres doivent être comptés parmi les meilleures pages que la critique d’art contemporaine ait à citer.

Dans le même temps que cette belle étude accréditait son nom auprès du public, Baudelaire se voyait ouvrir l’accès de la Revue des Deux-Mondes. La direction, dérogeant en faveur du poète à la règle qu’elle s’était faite de n’offrir à ses lecteurs que des vers signés de noms déjà illustres, publiait dix-huit poèmes choisis dans le recueil des Fleurs du mal déjà prêt pour Fimpression (i).

(i) Yoici la liste de ces poèmes : Au lecteur, Réversibilité, te Tonneau de la haine, Confession, l’Aube spirituelle, la Volupté, Voyage ci Cythère, À la Belle aux cheveux d’or {l’Irréparable), V Invitation au voyage, Mœsta et errabunda, la Cloche, l’Ennemi, la Vie antérieure, le Spleen, Remords posthume, le Guignon, la Béatrice, l’Amour et le Crâne.

La direction de la Revue, redoutant l’étonnenieiit dont cette poésie, d’un caractère si nouveau, devait frapper ses lecteurs, mit en tète des citations cette note timorée :

« En publiant les vers qu’on va lire, nous croyons montrer une fois de plus combien l’esprit qui nous anime est favorable aux essais, aux tentatives, dans les sens les plus divers. Ce qui nous paraît ici mériter l’intérêt, c’est l’expansion vive et curieuse, même dans sa violence, de