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BAPTISTE, qui depuis la reconnaissance n’a pas dit un mot, mais n’a pas cessé de manifester une sourde colère.

Ce n’est pas affreux ! c’est stupide !…

CORNARINO, sévèrement.

Monsieur Baptiste !

AMOROSO, à Baptiste.

Mais, mon pauvre ami, pouvions-nous supposer que sous ces habits…

BAPTISTE.

Laissez-moi, j’avais toujours été contre ce mariage-là !

CORNARINO, furieux.

Silence, monsieur Baptiste ! (Se plaçant entre Catarina et Amoroso.) Chère femme, et vous, cher Amoroso, gardien de mon honneur.

BAPTISTE, à part, ironiquement.

Oui, oui, oui !

CORNARINO, s’attendrissant.

La vie allait s’ouvrir douce et facile entre ma femme et mon ami.

BAPTISTE, à part.

Oui, oui, oui ! (Haut.) Et tout à l’heure peut-être grâce à… (Avec violence, désignant Catarina.) Pintade, va !

L’HUISSIER, annonçant.

Le Conseil ! (Le Conseil prend place.)

CORNARINO.

J’ai entendu lire bien des arrêts de mort, mais jamais avec une pareille émotion.

L’HUISSIER.

Silence !

LE CHEF DES DIX.

Quand on a tourné le dernier feuillet de son existence y a-t-il un second volume ?… Cruelle incertitude ! Le doute, toujours le doute !

MALATROMBA, au chef des dix.

L’arrêt ! l’arrêt !

LE CHEF DES DIX.

C’est juste ! de quoi parlait-on ? (Il trouve sous sa main la lettre de Paolo Broggino.) Qu’est-ce que c’est que cela ? ah ! cette lettre que je devrais peut-être lire…