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MALATROMBA.

Vous le voyez, messieurs, le doge n’est plus.

LE CHEF DES DIX.

Ah ! pardon ! un mot encore !… On rencontre comme cela des gens qui vous disent : nous avons tué le doge, et ils n’ont pas tué le doge du tout ! Son cadavre, où est-il !

BAPTISTE.

Nous l’avons jeté à la mer qui passait par là.

LE CHEF DES DIX.

Quelles preuves en avons-nous ?

CORNARINO.

La mer ! Fouillez-la !

BAPTISTE.

Farfouillez-la.

CORNARINO.

Elle doit l’avoir encore, si elle est honnête !

LE CHEF DES DIX.

C’est profond !

PAILLUMIDO.

Sans doute ! mais la mer aussi est profonde.

LE CHEF DES DIX, à ses collègues.

C’est juste. (À Cornarino.) Vous n’avez pas d’autres preuves ? Nous avions demandé l’anneau et les éperons de l’amiral…

BAPTISTE.

Nous les avons ! nous les avons. (Bas à Cornarino.) Monsieur, passez-moi votre anneau.

CORNARINO, bas.

Tiens.

BAPTISTE, au chef des Dix.

Voici l’anneau.

CORNARINO.

Et voici les éperons de l’amiral.

COUPLET.
––––Ces éperons, ces compagnons de gloire,
––––Ces éperons noircis dans les combats,
––––Ces éperons, grande page d’histoire,
––––Que burina le sang de nos soldats !
––––Ces éperons, l’effroi des Matalosses,
––––Avant que Mars se tournât contre nous !
––––––Ces éperons, ces fers colosses,
––––Ces éperons, les reconnaissez vous ?