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Malatromba, les regardant.

Heureuse insouciance ! (Il entre.)



Scène IX

Les Mêmes, moins MALATROMBA.
Baptiste.

Eh bien !… monsieur ?… vous ne venez pas ? vous attendez qu’on nous arrête !…

Cornarino.

Mais, c’est affreux !… La mort là !… le déshonneur ici !… que choisir !

Baptiste.

Le déshonneur, monsieur !

Cornarino.

Le déshonneur !… Mais tu ne sais donc pas ce que c’est ?

Baptiste.

Si, monsieur, venez tout de même.

Cornarino.

Non, je ne m’en irai pas ! l’amour, le désespoir, la fatalité, la peur, tout cela me donne du courage.

Baptiste.

Ah ! monsieur, je ne vous reconnais pas.

Cornarino.

Suis-moi.

Baptiste.

Où.

Cornarino.

Là.

Baptiste.

Qu’allez-vous faire ?

Cornarino.

Je n’en sais rien mais le ciel m’inspirera !… Viens !

Baptiste.

Oh ! les femmes ! les femmes !

Cornarino, tirant une clef énorme et essayant vainement d’ouvrir la porte.

Les misérables ! ils ont changé la serrure ! (À ce moment, le refrain de L’amiral Cornarini se fait entendre de nouveau. Une troupe de gens du peuple conduits par Cascadetto défilent au fond du théâtre en chantant la complainte. Cornarino et Baptiste escaladent le balcon du palais. La toile tombe.)