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LAURETTE.

Eh bien, mon ami, et ce feu ?

FORTUNIO.

Le feu ! madame ! le feu n’était pas au Châtelet, vous le savez bien ; c’est ici qu’il était, le feu ! On a voulu m’éloigner ! et vous étiez du complot.

LAURETTE.

Moi, monsieur ?

FORTUNIO.

Oui, vous, madame ! vous désiriez rester seule avec ce jeune homme qui est brun et qui vous aime.

LAURETTE.

Lui m’aimer !

VALENTIN, à part.

Et c’est lui qui le lui apprend.

FORTUNIO.

On ne me trompe pas moi, madame ! avouez donc tout ! vous croyez que je ne sais pas qui transporte mes plates-bandes sur vos fenêtres, qui piétine, la nuit, dans les allées, ratissées le soir par moi, qui barcarolle au clair de la lune sous votre balcon. Tenez, madame, tenez, voici ses traces, elles parlent d’elles-mêmes, je ne leur fais rien dire !

LAURETTE, à part.

Lui ! c’était lui !

VALENTIN, à part.

Mon Dieu ! elle ne parait pas irritée !

FORTUNIO.

Ah ! vous voilà penaud, monsieur le larron d’honneur ! est-ce que vous me prenez pour un maître André ? croyez-vous que je sois un de ces maris qu’on dupe ? A d’autres ! vous n’êtes pas assez dissimulé !… Ah ! vous étiez triste, inquiet… vous n’alliez plus au bal le dimanche avec vos camarades, plus d’appétit, plus de cœur aux grisettes.

VALENTIN, à part.

Va toujours !