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octave Crémazie.

justes appréciations que j’avais faites de ses poésies. La plupart de ces passages sont enclavés dans des considérations d’une haute portée qu’il faudrait retrancher, ce qui ferait perdre le sens d’une partie des lettres. Il me répugne de livrer aux profanes ces secrets de l’amitié.

— Donnez-vous garde de rien retrancher, repartit mon ami ; le public d’aujourd’hui a en horreur ces mutilations : il lui faut tout ou rien. D’ailleurs on conçoit qu’écrivant à vous-même pour reconnaître les compliments que vous lui aviez faits, il devait vous payer de retour. Mais le lecteur qui sait lire entre les lignes n’aura pas de peine à découvrir le correctif caché sous les fleurs de rhétorique. »


II


Quel est le citoyen de Québec de 1860 qui ne se rappelle la librairie Crémazie, rue de la Fabrique, dont la vitrine, tout encombrée de livres frais arrivés de Paris, regardait la caserne des Jésuites, cette autre ruine qui, elle aussi, a disparu sous les coups d’un vandalisme que je ne veux pas qualifier ? C’était le rendez-vous des plus belles intelligences d’alors : l’historien Garneau s’y coudoyait avec le penseur Étienne Parent ; le baron Gauldrée-Boilleau, alors consul général de France à Québec, que j’ai revu depuis à Paris, emprisonné à la