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octave crémazie

sent un sujet qu’il faut livrer à heure fixe comme un pantalon. Quand un sujet me plaît, j’aime à le traiter à mes heures et à ne le livrer à la publicité que lorsque j’en suis complètement satisfait. Un bon poème, pris de haut, sur les martyrs de la foi, demanderait 5, 000 ou 6, 000 vers et au moins un an de travail. Je parle pour moi. D’autres, mieux doués, pourraient le faire en moins de temps, mais à moi il faudrait au moins une année pour le composer tel que je le rêve. Que l’Université Laval couronne donc qui elle voudra ; je ne puis me mettre sur les rangs et lutter avec mes confrères en poésie.

« Je regrette vivement que vos yeux ne vous permettent pas de me parler de votre voyage en Europe. C’eût été pour moi une bonne fortune de lire les choses charmantes que votre plume si élégante et si poétique aurait écrites sur ce vieux monde que vous venez de visiter pour la seconde fois. J’espère que plus tard je pourrai lire dans quelque revue canadienne vos souvenirs de voyage dans ces deux mères patries du Canada : Rome et la France. Encore une fois recevez l’expression de ma reconnaissance la plus profonde pour les démarches que vous voulez bien faire pour hâter la fin de mon exil et croyez-moi

« Votre tout et toujours dévoué
* * »

« P. S. — À propos de la Toussaint, j’ai lu des vers impossibles de M. Benoît. Pourquoi diable cet homme fait-il des vers ? C’est si facile de n’en pas faire. »