Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

66
octave crémazie

s’élevaient pas au-dessus de la médiocrité. Couronner une œuvre parce qu’elle est moins mauvaise que dix ou vingt autres, c’est tout bonnement ridicule. Si elle n’est pas supérieure, il faut au moins qu’elle soit bonne, et si elle est bonne, elle peut sans crainte affronter les périls de l’impression. Si les poèmes couronnés à Québec ont une valeur réelle, pourquoi ne les publie-t-on pas ? S’ils n’en ont point, pourquoi les a-t-on couronnés ?

« Mes frères me conseillent de me mettre sur les rangs pour le prochain concours de l’Université Laval.

« Je ne pense pas pouvoir suivre leur conseil. Il est toujours facile de faire quelques centaines de vers de pathos et de lieux communs sur n’importe quel sujet. Ces machines-là se font en une nuit, mais ce n’est pas là de la poésie sérieuse. Pour bien traiter un sujet comme celui des Martyrs de la foi en Canada, il faudrait étudier avec soin les premiers temps de notre histoire, se bien identifier avec les idées et le langage des héros qui doivent jouer un rôle dans le poème, en un mot devenir pendant un an un homme des premiers jours du XVIIe siècle.

« Comment pourrais-je faire les études nécessaires, indispensables pour mener à bien ce poème, quand ici je n’ai pas un seul volume sur le Canada ? Vous voyez donc que je suis dans des conditions qui me ferment l’entrée du concours.

« Puis, je vous le dirai franchement, je me sens médiocrement attiré vers ces concours qui vous impo-